• Je suis en partance

    Aux jours de l'exil

    Aucune importance

    Je tiens le bon fil

    J'ai lu le grand Meaulnes

    Je dors si je veux

    Mes doigts restent jaunes

    Et noirs mes cheveux

    Dehors me murmure

    A travers le toit

    Et chaque voiture

    Va passant pour moi

    Comme en ta couchette

    Rêvant sur le bois

    M'abreuve en cachette

    A l'eau que tu bois

    Et si j'en ai marre

    Plein mon cendrier

    J'ajoute une barre

    Au calendrier

    Albertine  Sarrazin         Amiens ,1958


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  • Je suis dur

    Je suis tendre

    Et j'ai perdu mon temps

    A rêver sans dormir

    A dormir en marchant

    Partout où j'ai passé

    J'ai trouvé mon absence

    Je ne suis nulle part

    Excepté le néant

    Mais je porte caché au plus haut des entrailles

    A la place où la foudre a frappé trop souvent

    Un coeur où chaque mot a laissé son entaille

    Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement

    Pierre  Reverdy    La liberté des mers


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  • Tout passe

    et tout demeure

    Mais notre affaire est de passer

    De passer en traçant

    Des chemins

    Des chemins sur la mer

    Voyageur, le chemin

    C'est les traces

    de tes pas

    C'est tout; voyageur,

    il n' y a pas de chemin,

    Le chemin se fait en marchant

    Le chemin se fait en marchant

    Et quand tu regardes en arrière

    Tu vois le sentier

    Que jamais

    Tu ne dois à nouveau fouler

    Voyageur ! Il n' y a pas de chemins

    Rien que des sillages sur la mer

    Antonio  Machado


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  • La vie, c'est comme une dent

    D'abord on y a pas pensé

    On s'est contenté de mâcher

    Et puis ça se gâte soudain

    Ca vous fait mal, et on y tient

    Et on la soigne et les soucis

    Et pour qu'on soit vraiment guéri

    Il faut vous l'arracher, la vie

    Boris  Vian


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  • Dormir en ces prairies

    Où les cerises sont

    Comme de ronds glaçons

    A manger non cueillies

    Dormir comme angéliques

    En un amoureux lit

    Le ventre tout rempli

    Des sèves magnifiques

    Dormir au monde indigne

    Le laissant au sommeil

    Quand vers notre réveil

    Les soirs nous feront signe

    Dormir avec toi j'erre

    Puisqu'ainsi tu m'aimas

    De perdre en cinémas

    La moitié de ma terre

    Albertine  Sarrazin   Soissons, 1960 .


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