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Proposition 105 pour l'Herbier d'Adamante
Doris Salcedo Atrabillarios 1992-2004
Musée d'Art contemporain de Chicago
Chut ! Ecoutez !
J'entends, vous entendez aussi, juste un murmure, une lamentation
venue du fond des âges, tous ces appels arrachés à la vie.
Ils viennent vers nous, livrant leur ultime résistance, un rappel de mémoire.
Elles avaient tant aimé la vie !
Elles avaient vingt ans,
trente, quarante ou beaucoup plus.
Leurs pas dansaient dans la lumière,
sur l'asphalte abîmé, sur les parquets cirés,
sur les chemins de sable.
En chaussons de dentelle, en escarpins de soie, en sabots de bois tendre...
Leurs pas perdus sous le soleil de mai,
les tout premiers dans les bras de leur mère,
les hasardeux au pays de l'amour,
les " tangotant " lors des bals du dimanche,
les tout menus avec le poids des ans.
Tous ces pas de poussière à peine effacés,
reflets de vos résistances, de vos souffrances,
de vos peurs .
Femmes libres, vos âmes éblouissent encore le chemin !
Balaline
20 mars 2018
40 commentaires -
Paul Bennett Familiar_ Ground
https://www.facebook.com/Paul.Bennett.Artist/
pour l'Herbier d'Adamante
Il avait peint sa vie en bleu, un bleu profond veiné de rêves, témoin d'un été lumineux.
La mer a débordé sur le bleu, frange d'écume en robe blanche aux sonorités si étranges, mi- bercement, mi-roucoulade, sur fond de ciel un peu blafard.
La mer a roulé sur ses flancs la mémoire du levant aux ocres empourprés dès l'aurore, la couleur de ses sillons d'argent dérobant à l'horizon bohème toutes les nuances sublimées.
Elle a frémi sous les falaises, d'effleurements en estocades, d'ombres sournoises en cordons pâles.
Sa vie n'est jamais renoncement, dans l'obscur ou dans la lumière, dans les froissements du silence ou ses écarts si tempétueux.
Il avait peint sa vie en gris, le gris de la désespérance ou peut-être celui de l'oubli.
Comme des images en noir et blanc, au parfum suranné de l'enfance, des belles histoires déjà fanées.
Bleu ou gris, c'est toujours la mer, cette musique dans la brume, ces déferlantes sur la grève, cette écriture de l'amour.
Elle chante toujours la mer, elle donne puis reprend,
un jour, des nuits à l' écouter...
Balaline 13 mars 2018
19 commentaires -
Le coup de maître du bûcheron magicien
Huile sur toile de Richard Dadd 1855 -1864
Pour l'herbier poésies d'Adamante
Portes ouvertes sur l'étrange nuit
fantasmagorique
où les bribes de voix d'un peuple
abandonné au sombre des grands arbres
s'indignent des massacres
de la plus petite parcelle de vie.
Il n'y a pas de bûcheron magicien
devant l'anéantissement des forêts.
Son bras ne retient pas la hache
il n'entend pas les gémissements de la terre
mutilée par sa dévorante cupidité.
Où s'est donc perdue l' harmonie originelle
de ce monde fabuleux
aux paroles de sagesse
aux âmes pacifiques
à la source vivante
du sacré ?
Nous pleurons chaque jour cette désolation
ces traces indélébiles
toutes ces petites morts
noyées dans la soif de l'artificiel.
Vers quel chemin va donc l'avenir de l' homme ?
Balaline 7mars 2018
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A day at the sea de Susi S
pour l' Herbier poésies d'Adamante
Ils avaient couru vers le bleu
ce bleu tendre de leur adolescence
fleurs pervenche à la rosée de l'aube
Ils avaient joué dans le bleu
saphir limpide de la vague océane
profond, vertigineux
ensorcelant et doux
Ils s'étaient aimés dans le bleu
bleu nuit aux portes des promesses
des mots sucrés si lumineux
un drap de soie sous les étoiles
dans le balancement des flots
L'été a chaviré brutal
le bleu a sombré dans le noir
les rires effacés sous la brume
La mer a pris les couleurs de l'hiver
le coeur ne bat plus sa mesure
C'était hier, ce bleu myosotis
il avait la couleur de ses yeux
c'est pourquoi l'océan me parle
on ne guérit jamais tout à fait
de ces bleus posés sur l'absence
Balaline
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Photo Jean-Jacques Neste ( les amis de la Creuse )
Pour l'Herbier de poésies d'Adamante
Une longue peau de soie, nacrée, immense de solitude.
Ses pas de coton blanc mènent droit au jardin de l'oubli.
L'enfant aux cheveux noirs
poussé trop vite
étonné du silence
L'espace nu, engourdi au réveil, surpris de tant d'innocence.
Et les notes figées, le matin blême, la lumière diluée où l'horizon s'estompe.
Un voile s'est posé, une paix retrouvée, des souvenirs d'enfance y glissent sur la
place.
Les longs bras conquérants
dessinés à la plume
Lui, un phare sur la plaine
C'est le temps du frisson, d' un aller vers le pur, du grand pardon du ciel.
La terre a blanchi cette nuit, candide, mère aimante, gardienne
des premiers émois, des premiers cris, des premiers pleurs.
Des années de blessures gommées sous l'étoupe des nuages... un semblant de
pardon, une imposture ?
Balaline
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