• Saisir, saisir le soir, la pomme et la statue,

    Saisir l'ombre et le mur et le bout de la rue.

    Saisir le pied, le cou de la femme couchée

    Et puis ouvrir les mains. Combien d'oiseaux lachés

    Combien d'oiseaux perdus qui deviennent la rue

    L'arbre, le mur , le soir , la pomme et la statue !

    Jules Supervielle


    11 commentaires
  • Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout

    Contre les portes de la nuit

    Et les passants qui passent les désignent du doigt

    Mais les enfants qui s'aiment

    Ne sont là pour personne

    Et c'est seulement leur ombre

    Qui tremble dans la nuit

    Excitant la rage des passants

    Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie

    Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne

    Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit

    Bien plus haut que le jour

    Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.

    Jacques Prévert


    20 commentaires
  • C'est beau la vie,

    comme un noeud dans le bois

    C'est bon la vie,

    bue au creux de ta main

    Fragile aussi,

    même celle du roi

    C'est dur la vie,

    vous me comprenez bien.

    ********

    C'est beau l'amour,

    tu l'as écrit sur moi

    C'est bon l'amour

    quand tes mains le déploient

    C'est lourd l'amour

    accroché à nos reins

    C'est court l'amour

    et ça ne comprend rien.

    ********

    C'est fou la mort,

    plus méchant que le vent

    C'est sourd la mort,

    comme un mort sur un banc

    C'est noir la mort

    et ça passe en riant

    C'est grand la mort,

    c'est plein de vie dedans.

    Félix Leclerc


    10 commentaires
  • La nostalgie du soir

    Vient caresser ta joue

    Renvoyant au miroir

    Des fragments bleus de nous.

    Silence

    Lumière

    Elle déploie ses ailes

    Et bruisse de mots doux

    De rêves en dentelles

    De vagues d'or et d'amour fou.


    10 commentaires
  • Tout au fond de l'océan

    Gît un coquillage arc-en-ciel.

    Il est là, toujours, brillant paisiblement

    Sous les plus hautes vagues des tempêtes

    Comme sous les bienheureuses vaguelettes

    Que le vieux Grec appelait rides de rire.

    Ecoute,tout au fond de l'océan

    Le coquillage arc-en-ciel chante.

    Il est là, toujours, chantant silencieusement.

    Katherine Mansfield


    11 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique